L'énergie des Berlinois
rideau
refugies dan berlin en 1945
reconstruction de berlin en 1945
Parfois on réquisitionnait les Triimmertrauen en pleine rue; dans d'autres cas, la misère poussait les femmes à s'offrir comme main-d'oeuvre car ce travail leur donnait droit à des rations supplémentaires.
Il est certain que l'absence de tout outillage même rudimentaire et de tout moyen de transport aurait permis aux femmes, embauchées de force ou par suite de la misère, de faire semblant de travailler. Mais pas une seule ne s'en avisait : dans une ville où, plus qu'ailleurs en Allemagne, les conditions de vie approchaient du zéro absolu, des efforts surhumains ont été accomplis.

Abstraction faite des ordres de la Kommandantur militaire soviétique, les premiers documents imprimés berlinois à voir le jour furent les nouvelles cartes de rationnement. Deux millions de cartes furent distribuées, 200 000 autres tenues en réserve. Trois semaines plus tard, les 200 000 de réserve étant également distribuées, on procéda à un nouveau tirage de 200 000 suivi d'un autre de 100 000.
Cet accroissement constant n'était pas dû aux réfugiés mentionnés par Bersarine, mais à la foule d'hommes qui s'étaient cachés de peur d'être déportés : après le 10 mai, ils refaisaient surface, d'une part parce que la panique générale s'était apaisée, d'autre part parce que les femmes se trouvaient dans l'impossibilité de nourrir tant de bouches sans cartes de rationnement.
D'après les indications soviétiques, la population berlinoise de 2 millions d'individus se composait, deux semaines après la capitulation, de 70 % de femmes, d'enfants, d'invalides et de rentiers. Il y avait donc à peu près 600 000 hommes capables de travailler. Quinze jours plus tard à peine, les Soviétiques constatèrent que leur nombre avait monté à 900 000.
Ce furent cependant les femmes qui déblayèrent Berlin et en refirent une ville habitable. Les Russes avaient recruté dès le ler mai, donc avant la fin des hostilités, 300 femmes allemandes qui devaient déblayer, sans aucune espèce d'outillage, les pistes de l'aérodrome ; le 2 mai, les premiers appareils soviétiques s'y posèrent.

Sans l'énergie de quelques-uns, sans la ferme volonté des personnes valides de vaincre les insuffisances et la misère, les centaines de milliers de Berlinois incapables de travailler n'auraient pas survécu. Deux millions et demi d'habitants se trouvaient enfermés en un espace restreint, dans l'impossibilité de se déplacer par suite de la destruction des moyens de transport et des interdictions. Au début, les Berlinois n'avaient pas même le droit de quitter leurs districts respectifs. De tous les Allemands, les Berlinois étaient les plus durement frappés 1
Les Russes étaient des maniaques de la statistique. Les premiers recensements de la population de la capitale eurent lieu alors que toutes les parties de l'agglomération n'étaient même pas encore entre leurs mains et que Hitler vivait encore. Un mois plus tard, leur rage statisticienne s'étendait à toutes les activités humaines.

anecdote
accueil
Accueil
La bataille de Berlin